L'Italie censure encore "Brokeback Mountain".
La télévision publique italienne a ressorti ses ciseaux pour enlever les passages trop explicites du film culte de Ang Lee. Une méthode déjà employée en 2008, ce qui avait alors provoqué un scandale et les excuses du président de la Rai.
Les amours entre cow-boys, ce n'est décidément pas la tasse de thé de la Rai. La télévision publique italienne l'a encore prouvé lundi, en diffusant à nouveau une version censurée deBrokeback Mountain, sur une chaîne de son bouquet satellite. Selon le site gay.it, les scènes gays les plus explicites ont été tout bonnement supprimées du petit écran, encore une fois.
Car la Rai avait déjà provoqué un scandale en 2008, en sortant ses ciseaux pour la première diffusion de cette oeuvre culte de Ang Lee sur Rai 2. La scène d'amour sous la tente entre les deux cow-boys, et celle de leur baiser passionné après leur longue séparation (ci-dessous) avaient complètement disparu du film, diffusé pourtant en deuxième partie de soirée. Privé de ces éléments clés, l'histoire devenait sans doute plus chaste, mais surtout complètement incompréhensible.
«Qui se scandalise encore pour un baiser gay?»
Cette mutilation arbitraire avait déclenché à l'époque une vague de protestations. La principale association LGBT italienne, Arcigay, avait dénoncé «des coupes grossières, dignes de la censure des années 1950». D'autres avaient rappelé que Brokeback Mountain n'était pas un vague nanar, mais un film récompensé par un Lion d'or et plusieurs Oscars, qui méritait qu'on respecte l'intégrité de son montage. Face à un tel tollé, le numéro un de la Rai s'était même excusé, prétextant une «erreur de bande» et le film avait été rediffusé, dans sa version intégrale quelques mois plus tard.
Malheureusement, cette mauvaise bande semble avoir refait surface... «Une censure encore plus incompréhensible qu'elle ne l'était déjà il y a deux ans» estime le site italien, qui s'interroge: «qui, au siège de la Rai se scandalise encore aujourd'hui pour un baiser gay?» La diffusion de cette version sur une chaîne du satellite ne devrait pas déclencher les mêmes polémiques. En tout cas, comme le constataient déjà les associations en 2008, ni les scènes de sexe hétéros, ni le massacre de l'un des protagonistes gays, n'ont été censurées pour épargner la sensibilité des télespectateurs.
(Tetu.com)