Sarkozy s'impose (de force) ! Jusqu'à quand ?

Publié le par NicQ

C'est une boulette, ou la preuve d'un cynisme politique inédit. Depuis une semaine, Nicolas Sarkozy oppose une fin de non-recevoir aux protestations contre sa réforme des retraites : il avait d'abord fait savoir qu'il n'y aurait aucune nouvelle concession ni aucune ouverture au débat à attendre. Il a ensuite laisser ses proches qualifier d'irresponsables celles et ceux qui soutenaient l'entrée des lycéens dans le mouvement. Et ce weekend, il fallait convaincre que la contestation s'essoufflait. Le résultat de cet autisme présidentiel est éloquent : d'une action sporadique marquée par de sages journées de manifestations, on frise désormais l'emballement et l'inquiétude d'un blocage complet du pays. Le tout sur fond de sondages toujours aussi critiques contre l'action du patron de Sarkofrance.

Retraites : Sarkozy cherchait-il le blocage comme en 2006 ?

Nier l'évidence 
Dimanche, Brice Hortefeux a tenté de relancer l'inquiétude sur la menace terroriste. Interrogé au Grand jury RTL-LCI-Le Figaro, le ministre de l'intérieur a révélé de nouvelles informations :  « Il y a quelques heures ou quelques jours à peine, il y a eu un nouveau message de la part des services saoudiens nous indiquant qu'Al Qaïda de la Péninsule arabique était sans doute actif ou envisageait d'être actif. Cela concerne le continent européen et notamment la France. » Lors de cette même interview, le ministre commit un lapsus sexuel désormais coutumier en Sarkofrance, en expliquant l'existence d'un « fichier d'empreintes génitales.»

Mais l'affaire terroriste n'a pas pris. L'emballement social contre la réforme des retraites inquiète au sommet de l'Etat. Et les automobilistes cherchaient de l'essence.

Faute d'alternative, François Fillon, dimanche soir, avait déjà été envoyé justifier la «fermeté » gouvernementale au journal télévisé de TF1. Sarkozy n'avait plus le choix. Sa propre présence à la télévision aurait embrasé encore un peu plus le pays. Le président français n'est plus écouté, il cristallise plus que jamais tous les mécontentements du pays. 

Le premier ministre a promis que l'approvisionnement en essence et gasoil des stations du pays serait assuré. Samedi, son secrétaire d'Etat aux Transports assurait que très peu de stations manquaient d'essence. Désormais, on attend les CRS. Sarkozy voulait son mai 1968 pour montrer la chienlit ne passera pas par lui. 
  
Lundi matin, la situation était loin d'être aussi paradisiaque, en particulier en Ile-de-France, dans le Centre et en Normandie. Des centaines de stations, prises d'assaut depuis le weekend, n'offraient plus de carburant à des automobilistes désemparés. La supercherie gouvernementale était évidente pour quiconque passait devant une station service. Les raffineries sont toujours bloquées.

Deux préfets ont même demandé aux automobilistes de limiter leurs déplacements. Des opérations escargot organisées par des routiers bloquaient les abords de Lille et Angers. Lundi matin à l'Elysée, Nicolas Sarkozy a donc organisé une nouvelle réunion de crise, avec Fillon, Woerth, Borloo, Bussereau, Hortefeux et Chatel. Le ministre de l'intérieur a dû réactiver une cellule interministérielle de crise sur les carburants. Il paraît qu'il reçoit ainsi quotidiennement ses proches ministres. Mais le cercle des participants s'élargit un peu plus chaque jour, preuve que la contestation s'accroît. 

Des manifestations - lycéennes ont dégénéré à Nanterre, à Combs-La-Ville, ou à Lyon. La police annonçait l'interpellation de 200 casseurs.  Et le ministère de l'éducation comptabilisait toujours 260 lycées bloqués. Mardi, 50% des vols étaient annoncés annulés à Orly. Et pourtant, n'en déplaisent aux supporteurs du président, les sondages se succèdent et se ressemblent : la contestation de la réforme sarkoyenne des retraites reste populaire. C'est agaçant. En son temps, le général de Gaulle pouvait filer en Allemagne voir Massu. Sarkozy file à Deauville rencontrer Medvedev. A chacun son symbole... 


Sarkozy s'échappe 
Ce n'est pas la fuite à Varennes, mais un sommet à Deauville. Lundi après-midi, Nicolas Sarkozy filait effectivement à Deauville, pour une rencontre tripartite avec Angela Merkel et Dimitri Medvedev pour parler sécurité en EuropeLa petite ville est bouclée. Deux navires de guerre croisaient au large. Une énorme tente avait été dressée à l'entrée de l'hôtel Royal. 

On ne sait pas si Sarkozy a pu profiter de son dîner pour aborder la question des deux navires Mistral, que Nicolas Sarkozy avait précipitamment annoncés comme commandés par la Russie en juillet dernier aux chantiers navals de Saint-Nazaire. On ne sait pas si le dépeçage de la Géorgie, autre mensonge sarkozyen (en août 2008) sera également à l'ordre du jour. On est sûr que Sarkozy se félicitera de la coopération entre l'Europe et la Russie contre le terrorisme. 

A peine Sarkozy arrivé, les conseillers du président lâchaient rapidement que Sarkozy et Merkel s'étaient mis d'accord pour proposer à l'Union européenne un mécanisme de sanction « plus automatique » contre les Etats en situation de déficit public excessif, « tout en respectant le rôle des différentes institutions ». Fichtre ! Faut-il que Sarkozy soit aux abois ! En juin dernier, Angela Merkel proposait déjà la mesure, mais le monarque français s'y opposait. Quatre mois plus tard, le contexte a changé. Il faut prouver aux manifestants de tous poils que le monde observe la France dans sa recherche d'économies. Lors de sa conférence de presse commune avec Mme Merkel, Sarkozy a détaillé : «Un Etat en déficit public excessif qui n'aura pas pris au bout de six mois les mesures de correction nécessaires serait sanctionné. » Une façon de dire aux jeunes et moins jeunes qui résistent à sa réforme des retraites, « les gars, couchez vous, y a pas d'autres solutions ! » D'ailleurs, il ajouta, à propos de la réforme des retraites : « Cette réforme est essentielle, la France s'y est engagée, la France la mettra en oeuvre. » 

Sarkozy l'ancien gauchiste des tribunes internationales, l'homme qui a jugé bon d'endetter la France de quelques 35 milliards d'euros supplémentaires de « Grand emprunt » au plus fort de la crise, est désormais prêt à des sanctions financières automatiques en cas de déficit excessif ! Il suggère même des sanctions ... préventives ! « Le Conseil [européen]pourrait également décider (...) des sanctions à titre préventif si des mesures ne sont pas prises pour réduire les déficits publics. » Le Figaro pouvait titrer, triomphalement : «Gouvernance économique de l'UE : accord franco-allemand » 

Sarkozy, à Deauville, masquait pourtant à peine sa nervosité : « il est parfaitement normal et naturel qu'un gouvernement démocratique, dans une démocratie parlementaire, s'assure que les automobilistes trouveront de l'essence, et qu'il n'y aura pas d'affrontements. »  

En 2006, en pleine crise du CPE, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, agitait Bruno Julliard, alors leader étudiant, contre la réforme de son propre premier ministre. Faut-il rappeler l'histoire à la rescousse des manipulations du présent ?

Qui a cherché l'affrontement ?

Rédigé par juan sarkofrance le Mardi 19 Octobre 2010 à 07:01
(Source : Marianne2.fr/sarkofrance)

Publié dans Au pays de Sarko

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