Sans surprise, Lancar reste président des Jeunes Pop'

Publié le par NicQ

Jeunes UMP : Benjamin Lancar réélu, les déçus rentrent dans le rang

 

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Le jeune loup a été réélu à la tête de la section jeune de l'UMP avec 78,2% des voix, certains militants s'étonnent d'un tel score. Les candidats, eux, ravalent leur fierté.

"C'est hallucinant ! Je n'arrive pas à y croire !" hurle un militant UMP en sortant furibond du siège du parti, au 55 rue de la Boétie, à Paris. Un autre lui emboîte le pas, un large sourire aux lèvres. "J'en rigole, mais c'est grave !". Chemise à carreaux, mocassins, le jeune homme s'allume une cigarette, en sifflotant, visiblement gêné. Il réajuste sa mèche d'un geste de la main et rejoint ses comparses. "J'ai jamais vu ça, même chez les communistes ils réalisent pas de tels scores !". "Mais qu'est-ce qu'on va dire aux militants ?", lui répond son interlocuteur, pipe à la bouche, cette fois. "C'est bon, moi je vais chezVillepin", se risque à plaisanter un autre, "dégoûté".
Une femme passe et s'inquiète devant l'attroupement : "Ils s'arrêtent jamais à l'UMP, ils sont toujours là. Ils ont rien d'autre à foutre ?". 

C'est dimanche. Les résultats de l'élection du président des jeunes populaires, la section jeune de l'UMP, viennent de tomber. Représentant la liste "CAP SUR 2012", le président sortant, Benjamin Lancar, 24 ans, a été réélu dès le premier tour, pour deux ans. Score sans appel de 78,2%. Son clan est resté à l'intérieur du bâtiment, il acclame son champion. Les cris résonnent sur le trottoir parmi les soupirs des déçus.
Eux restent à la porte, "choqués". Il s'étonnent du taux de participation, historique, en cette période estivale. Près de 91% des 1563 conseillers nationaux des jeunes populaires (CNJP), "grands électeurs" au sein du mouvement et qui étaient appelés à voter sur Internet, se sont exprimés.
"Nous pensions faire 30% des voix, au moins, là le score est particulièrement bas", s'indigne un membre de l'équipe d'Aurore Bergé, dont la liste "AUDACE" - pour Ambition, union, droite, avenir, conquête, équipe – est arrivée en deuxième position mais n'a récolté que 180 voix (11,82%) seulement. 

Bluff 

Avec les cinq autres têtes de liste, la seule femme candidate à cette élection interne a assisté à l'annonce, à huit clos, des résultats définitifs par le président de la Commission d'organisation et de contrôle des opérations électorales de l'UMP, le sénateur Patrice Gélard. L'ambiance était tendue. Soupçonnant des irrégularités, trois candidats ont émis une réserve à la signature du procès-verbal. Ils réclament qu'on leur communique la liste des inscrits et celle des votants, afin de "vérifier et comparer" avec les "promesses" des fédérations, sans quoi ils menacent de déposer un recours pour fraude. Bluff.

"Nous ne savons même pas comment ni où le déposer", avoue l'un d'eux à la sortie de la réunion. Ils obtiendront tout de même gain de cause, accompagné d'un reproche, émanant d'un membre de la direction du parti majoritaire : "les candidats qui ont salit l'image du mouvement ces dernières semaines en parlant à des journalistes de gauche on fait honte au parti". 
En cause, la virulence de la campagne, durant laquelle les opposants à Benjamin Lancar n'ont pas ménagé leurs critiques à l'égard du président sortant, notamment la politique du "buzz permanent" – "lip-dub", "baignade dans la Seine", sorti sur les "caïds de l'équipe de France de Football" - menée tout au long de son mandat par le jeune loup, cause principale, selon ses détracteurs, de la chute vertigineuse du nombre des militants, passé de 37.000 à environ 15.000 en moins de deux ans.

Dans les médias non plus, les candidats n'y sont pas allés avec le dos de la cuiller, dépassant parfois allégrement la ligne rouge. Comme lors de l'élection des CNJP les 10 et 11 juillet dernier, à l'issue desquelles certains des candidats ou leurs colistiers avaient dénoncé dans NouvelObs.com les "méthodes trotskistes" de l'équipe dirigeante des jeunes populaires, parlant même d'irrégularités, d'un scrutin verrouillé au profit de Benjamin Lancar, et même de fraude, ce qui avait amené Patrice Gélard à sonner la fin de la récréation
Cette fois, les militants sont plus mesurés, même si certains restent sceptiques quant à la régularité du scrutin. "Je me suis amusé à comparer avec les scores des dirigeants africains, chez les Jeunes Pop on fait pire", ironise-t-on devant le siège. Seule ombre au tableau les candidats n'ont jamais eu accès à la liste des votants, comme l'a dénoncé Mike Borowski (29 voix, 1,90%). Le candidat à demandé à ce qu'à l'avenir le président des jeunes populaires soit élu par l'ensemble des militants et non les seuls CNJP qui ne représentent que 10% du mouvement. "L’élection du Président des Jeunes Populaires par seulement 10 % des adhérents est un déni de démocratie et participe à la Trotskisation de notre mouvement jeune", écrit le président des jeunes sarkozystes, dans une lettre. 

Les têtes de listes ravaleront pourtant leur fierté. Au lendemain de l'élection, lundi 23 août, ils féliciteront Benjamin Lancar pour sa réélection, à l'image de Laurent Dubois (53 voix, 3,48%), ou Louis Morin (45 voix, 2,95%), qui déclare à NouvelObs.com ne pas souhaiter "alimenter de vieilles polémiques qui, de plus, portent préjudice au Parti" La raison l'a emporté sur la haine, sans doute. D'autant que le président a promis de "recevoir chacun des candidats, un à un, pour voir ce qu'ils ont à proposer pour travailler ensemble". Le mot d'ordre est à l'union… et aux concessions. 
"Les résultats les ramènent à la réalité", assène-t-il.

(Estelle Gross, Tristan Berteloot – NouvelObs.com)

Publié dans ça fait l'actu

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