Au pays de Sarko : Les artistes du régime.
S'afficher aux côtés de Nicolas Sarkozy, pour un artiste, est-ce que ça porte la poisse? Ou est-ce qu'avoir soutenu le futur président, ça booste une carrière?
Je vous ai demandé mardi de m'aider à vérifier ce qui était arrivé aux gens de culture qui se sont affichés au Fouquet's ou à la Concorde, le soir de l'élection, ou au meeting de Bercy.
Vous avez posté plus de 300 commentaires, avec pas mal de liens et d'infos.
Pour consulter la liste et voir comment participer, cliquez ici.
NB: en gros, j'ai des infos sur Christian Clavier, Jean-Marie Bigard, Faudel, Enrico Macias, Doc Gyneco, Jean Reno, Marie-Anne Chazel...
Et je cherche toujours des chiffres. Notamment sur les ventes et scores de Véronique Genest, Tina Arena, Dominique Farrugia, Arthur, Jane Manson, Mireille Mathieu, Gilbert Montagné...
Cela nous fera un inventaire de la première vague d'"artistes Sarkozy"...
Carla Bruni à Vivement Dimanche, en 2008
Ensuite est venue... Carla Bruni. Dans la galaxie du président, elle a une place bien à part... Elle place ses "copains" de la culture auprès de son mari. Et, sous son influence, comme l'écrit le Point ces derniers jours, Nicolas Sarkozy serait passé "des Bronzés à Visconti", de Rocky à Houellebecq, de Bigard à David Lynch...
Mais elle, Carla la chanteuse, a-t-elle eu à pâtir de son amour avec Sarkozy?
Ne comptez pas l'interviewer sur le sujet. Contacté par Le Post, l'Elysée fait savoir que la Première Dame ne donne actuellement d'entretiens que sur ses oeuvres "sérieuses": son rôle d'ambassadrice contre le Sida et sa fondation.
OK...
Que disent les chiffres?
2002: Quelqu'un m'a dit: 2 millions d'ex. vendus
dont 1,2 million en France et 800 000 à l'étranger.
2007: No Promises (en anglais): 200 000 ex. vendus
(source RFI)
2008: Mariage avec Nicolas Sarkozy...
2009: "Comme si de rien n'était": combien d'ex. vendus au fait?
Rappelez-vous, il y avait eu une polémique, peu après la sortie...
J'ai contacté le patron de Naïve, Patrick Zelnick, qui me dit que le chiffre final est:
437 000 d'ex. au total ("cessions")
dont 193 000 en France et 211 000 à l'étranger.
(+ 33 000 téléchargements)
Attention, nous précise Patrick Zelnick, entre le 1er et le 3e album, le marché du disque a été "divisé par deux". Même ainsi, le score de 'Quelqu'un m'a dit' est au mieux moitié moins bon. Ca reste "un succès - pas un triomphe", défend Zelnick...
Le bien nommé "Comme si de rien n'était" de Carla Bruni
Alors, cet "effet Sarkozy"?
Une personne proche de la chanteuse me livre sa vision, anonyme et "personnelle".
"Le mariage avec le président n'a pas eu vraiment d'effet sur les ventes, mais ça en a eu sur l'opinion de certaines personnes..." On comprend que cette formule vise surtout les médias, accusés d'avoir mal jugé l'artiste, parfois "sans écouter", ce qui est "injuste".
Il y a bien eu des critiques qui ont fait mal, pour qu'on sente encore un genre d'amertume chez cette personne de l'entourage de Carla Bruni... "Je serais sourde ou aveugle si je n'avais pas entendu ces critiques. Qui n'a pas d'amis qui ont dit 'Cette chanteuse est nulle' alors qu'ils l'aimaient avant? C'est humain..."
Pour la rédactrice en chef de Musique Infos Hebdo, Maud Philippe-Bert, ce qui est sûr, c'est que "tout le monde s'attendait à un plus gros carton, Naïve compris". "Mesurer un 'effet Sarkozy', c'est difficile: le premier album de Carla Bruni a bénéficié d'un effet surprise et le 2e a moins bien marché que le 3e...", relativise la responsable de cette publication professionnelle.
"L'effet Sarkozy, ça n'a rien de scientifique, c'est un sentiment. On peut dire qu'une bonne partie du public de Carla Bruni avait le coeur à gauche..."
"En tout cas, après que Carla Bruni s'est mariée avec Nicolas Sarkozy, des producteurs indépendants, dans des conversations privées, se disaient: 'Wow, Patrick Zelnick de Naïve a réussi un gros coup. L'album d'une Première Dame, ça va cartonner...' Cela n'a pas été le cas."
Donc...
Patrick Zelnick, de Naïve, livre sa version: "Nous avons cherché à rester dans le domaine purement artistique. Mais les médias, et une partie du public ont donné à l'évenement une dimension politique."Les ventes de Carla Bruni ont-elles pâti d'un effet politique? "Je ne crois pas. Mais je n'ai pas fait de sondages pour savoir comment les motifs politiques pesaient sur les achats..."
"Des médias n'ont pas jugé l'album pour ce qu'il était... Tout ça était un peu hystérique, et je le regrette."
Mais aujourd'hui, Patrick Zelnick s'affiche quand même optimiste: "Le temps résoud les choses".
"Vous verrez, si elle refait un album - ce que j'espère - on n'aura plus ce problème."
A suivre?
Si vous voulez participer au reste de la recherche, c'est ici. Je reste joignable dans les commentaires, par email alexandre@lepost.fr et via @apiquard sur Twitter.
(Source: Le Post.fr)