Perdu ?

Publié le par NicQ

Craquements et divisions à l'UMP: Sarkozy a-t-il déjà perdu ?
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le 31/08/2010 à 15:48vu 3728 fois27 nombre de réactions
Info d'un posteur invité par la rédaction Le Post.

Personnellement, je ne le crois pas. Face à lui, la direction du PS peine à s'imposer.

RichardTrois

Nicolas Sarkozy a bâti sa victoire de 2007 sur l'unité de son camp. Cette unité et cette cohésion lui ont permis toutes les audaces et tous les dérapages dans une campagne où le futur président de la République draguait l'électorat d'extrême-droite, à coup de ministère de l'Identité nationale et de "mouton dans la baignoire" tout en préparant "l'ouverture" et en citant Jean Jaurès et Léon Blum à longueur de discours.

Mais voilà qu'à 2 ans de la prochaine élection présidentielle, la machine UMPcommence à montrer de sérieux signes de craquements qui nourrissent l'inquiétude à droite au moment même où socialistes et écologistes soignent leurs vieux démons.

Ce lundi, on aura beaucoup glosé sur les pseudo-états d'âmes de Bernard KouchnerLibération y consacre même sa une de ce jour.

Pourtant une autre déclaration, bien moins commentée en dit beaucoup plus long sur l'état de l'UMP et de cette droite qu'on ose plus appeler républicaine. C'est celle de Bernard Accoyer, le Président de l'Assemblée Nationale.

En effet, Bernard Accoyer, qui du haut de son perchoir est bien placé pour sentir la majorité et les états d'âmes des députés UMP expliquait hier au journal Les Echosque "les polémiques et les divisions sont dangereuses pour la majorité".

Et il rappelle les leçons de l'histoire récente en forme d'avertissement :
"Dans la majorité, des surenchères et des divergences personnelles me conduisent à appeler au débat au sein de notre famille politique plutôt que de laisser prospérer ces divisions. (...) Il ne faut jamais oublier les leçons du passé. Les divisions ont été la cause de l'échec de la droite en 1981. Si la droite part divisée en 2012, elle court bien entendu les mêmes risques. Chacun doit en être conscient."

Il est vrai que l'UMP si elle ne tremble pas sur ses fondations commence à donner des signes de grosse fatique. Difficile, après l'embardée vers l'extrême-droite de l'été de camoufler les lézardes. Il n'y a plus de cache-misères.

J'avais déjà évoqué ici même les contorsions d'Alain Juppé, ancien premier ministre et maire UMP de Bordeaux qui le 17 Août lançait cet appel :
"Evitons les lois de pure circonstance et attention aux exagérations peu compatibles avec nos valeurs fondamentales."

Depuis ce sont Rachida Dati et Christine Boutinles anciennes ministres de Nicolas Sarkozy, qui ont dit leur opposition à la campagne nauséabonde de cet été. Elles qui n'attendent plus rien du Président de la République et néanmoins patron de l'UMP se sont aussi exprimées pour marquer leur différence et se faire portes-parole des Français de droite choqués par les annonces et les images de l'été.

Rachida Dati, ancienne ministre de la Justice, a dénoncé la "stigmatisation des Français de la diversité" et l'instrumentalisation de la question de l'insécurité à des fins électoralistes. Quant à Christine Boutin, ex-ministre du Logement, elle a parlé pour sa chapelle, se faisant très critique et évoquant un "divorce" entre son Parti Chrétien-Démocrate et l'UMP.

Plus attendue, la charge des gaullistes menés par Dominique de Villepin n'en a été que plus violente. Gardien des valeurs d'une droite républicaine, issue de la résistance, Dominique de Villepin aura marqué les esprits en dénonçant "la tâche de honte" qui souille le drapeau français, au moment même où la France fait bien pâle figure à l'étranger.

"Il aura suffi d'un discours à Grenoble et d'un été, d'un seul été, pour que tout bascule, de la lutte contre l'insécurité à l'indignité nationale", écrivait Dominique de Villepin dès la première ligne de sa tribune publiée dans Le Monde. Autre chose quela réserve dans les mots de Lionel Jospin qui lui aussi publiait une tribune d'ancien premier ministre pour défendre son bilan en matière de sécurité.

La charge de Dominique de Villepin sera venue aussi après les députés de République Solidaire, le mouvement qu'il a créé le 19 juin dernier, se soient relayés tout l'été, profitant du silence imposé aux socialistes par Martine Aubry. Ainsi Marie-Anne Montchamp, la porte-parole de République Solidaire, aura fustigé la "position démagogique de l'Elysée" qui se livre selon elle à une "surenchère sécuritaire".

Tandis que le député Jean-Pierre Grand ira encore plus loin en qualifiant de "rafles"les démantèlements de camps Roms. Les députés de République Solidaire balisent ainsi le terrain avant la création programmée d'un groupe parlementaire indépendant de l'UMP à l'Assemblée. La "sortie de route" présidentielle et le doute qu'il instille dans l'électorat centriste leur permettra sans doute de convaincre de nouveaux députés de les rejoindre pour pouvoir créer ce groupe.

La nouveauté de ce début de semaine, ce sont les craquements qui se font entendre au sein même du gouvernement de Nicolas Sarkozy et donc de sa majorité. C'est Hervé Morin, ministre de la Défense et reponsable du "Nouveau Centre" qui a pris sa "liberté" pour rejeter "la haine, la peur et le bouc émissaire" qu'instille le gouvernement dont il fait partie, avertissant que si la politique sécuritairede Nicolas Sarkozy ne comportait qu'un "seul volet répressif", celle-ci était "vouée à l'échec". Et le même Hervé Morin est dit partant du gouvernement pour mieux préparer une candidature à l'Elysée...

Et mais le plus extraordinaire, c'est la subtile différence que le premier ministre en exercice a fait entendre hier sur France Inter. Epargnant le coup direct contre le président, Il fustigeait donc "la surenchère" parmi ceux qui, dans son camp, se sont "servis" de ce thème "pour des motifs politiques", le Premier ministre a indiqué qu'il n'avait pas accepté "un certain nombre de propos". Le Premier ministre qui jusqu'à cet été n'avait osé que la différence vestimentaire du faux-col Mao s'est donc démarqué de son propre gouvernement de ses propres ministres !

François Fillon, détendu, fort d'un relative popularité, joue tous les coups gagnants et établit un rapport de force avec un président qui parait affaibli, avec en ligne de mire le prochain remaniement. Si Nicolas Sarkozy se sépare de lui, François Fillon se posera de fait en rival. S'il le garde, il pourrait alors s'appuyer sur cette différence pour retrouver un poids et une parole démonétisés par l'omniprésidence de Nicolas Sarkozy.

Jean-François Copé, l'autre prétendant UMP, a flairé le danger. Dans une interview publiée par Le ParisienJean-François Copé se dit "étonné par les mots du premier ministre" et se range sous la bannière pseudo-sécuritaire de Nicolas Sarkozy, sans états d'âme. Et ce matin, c'est aussi au tour de Fadela Amara, secrétaire d'Etat chargée de la politique de la Ville, de s'engouffrer dans la brêche ouverte par François Fillon pour  dénoncer la "surenchère" de Brice Hortefeux, ministre de l'Intérieur, en matière de déchéance de la nationalité...

Ségolène Royal a eu beau jeu de pointer du doigt "la crise institutionnelle" qui touche le gouvernement.

"C'est plus qu'un trouble, c'est une forme de chaos (...) Quand dans la Ve République le Premier ministre prend ses distances avec le Président de la République, quand des ministres parmi les plus importants en terme d'autorité régalienne de l'Etat, c'est-à-dire le ministre des Affaires étrangères, de la Défense, prennent leur distance avec le président de la République on se dit que ce pays est vraiment très mal gouverné", a déclaré Ségolène Royal sur France Inter.

Et Ségolène Royal de demander "comment le gouvernement va faire face, à la rentrée, aux vrais problèmes qui se posent" aux Français citant "les problèmes de chômage, de mise en cause du droit à la retraite, de la rentrée scolaire".

Le bateau Sarkozyste donne effectivement une piètre image de bateau ivre, de cacophonie permanente.

A-t-il pour autant perdu la présidentielle de 2012 ?

Personnellement, je ne le crois pas. La surenchère sécuritaire de cet été, comme le pseudo-débat sur l'identité nationale sont les cailloux du petit poucet Sarkozy, cailloux qu'il sème pour baliser le chemin d'un électorat de droite et d'extrême-droite qu'il n'aura plus besoin de solliciter directement pendant la campagne présidentielle.

Nicolas Sarkozy peut aussi compter sur la faiblesse de la direction socialiste à "s'imposer dans le débat". Comment en effet comprendre qu'une Martine Aubry ait pu discourir une heure trente à La Rochelle sans que les Français ne retiennent une idée ou une proposition forte, capable de permettre au PS de contrer l'UMP ?
Nicolas Sarkozy continue de tenir l'agenda politico-médiatique et le renvoi au 2 octobre pour des propositions socialistes en matière de sécurité laisse le champ complètement libre à l'UMP.

Nicolas Sarkozy a bien devant lui l'écueil de la réforme des retraites. Ségolène Royal et Jean-Luc Mélenchon proposent un référendum qui donnerait la légitimité nécessaire à la gauche pour imposer la justice sociale dans cette réforme des retraites. Mais là encore la direction socialiste ignore cette possibilité de forcer l'UMP à adopter une réforme plus juste. La mobilisation dans la rue, même très importante, sera-t-elle de nature à arrêter Nicolas Sarkozy, sachant que cela hypothèquerait gravement ses chances pour 2012? Poser ainsi la question c'est y répondre.

Nicolas Sarkozy va donc avoir droit à une rentrée délicate, englué dans l'affaire Woerth et socialement difficile face à une opposition et à des syndicats unis.
Il a déjà anticipé en monopolisant le débat public autour la sécurité. Il lui restera à imposer sa pseudo-réforme des retraites pour prendre ensuite le temps de réparer les lézardes apparues dans l'édifice UMP.

Le remaniement ministériel sera la première étape de ce chantier. En politique et "l'ouverture" l'a montré dans les faits, l'odeur du maroquin est à nulle autre pareille...

(lepost.fr)

Publié dans Présidentielle

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