L'UMP n'a pas perdu... en tout les cas pas encore

Publié le par NicQ

Régionales : la bérézina des ministres candidats



Vingt membres du gouvernement sur 39 étaient engagés dans le premier tour des régionales. Palmarès des gadins.

Le gouvernement de Nicolas Sarkozy, à l'Elysée, en juin 2009 (Benoit Tessier/Reuters)

 

Malgré ses dénégations, Nicolas Sarkozy s'est occupé de la campagne des régionales. Après les résultats calamiteux pour la Majorité présidentielle, au tour des socialistes de s'occuper du chef de l'Etat.

Dans les premiers à dégainer, le député Arnaud Montebourg, dimanche soir sur Twitter :

« Vingt ministres en difficulté sur un gouvernement de 39 membres. Que faut-il au président de la République pour qu'il écoute enfin le pays ? »

 

Ses camarades ont suivi sur le même ton, notamment Laurent Fabius, lundi matin au micro d'Europe 1. L'ex-Premier ministre invective Luc Chatel, porte-parole du gouvernement et donc des ministres défaits :

- « Combien y avait-il de ministres candidats, Monsieur Chatel ? 
- Il y avait… euh… je n'ai plus le nombre en tête, mais…
- Il y en avait dix-neuf et ils sont tous en position de perdre, c'est un grand succès pour vous ! » (Voir la vidéo à 11'47'')

 


 

Le nombre exact était vingt, avec quelques gadins particulièrement cinglants pour plusieurs membres du gouvernement. Palmarès de l'échec, du plus mauvais… au moins mauvais.

1 - Marie-Luce Penchard

La ministre de l'Outre-mer avait pourtant promis de ne « servir qu'une population, la population guadeloupéenne », c'est loupé, et en beauté. Numéro deux sur la liste de la majorité présidentielle en Guadeloupe, elle est déjà éliminée avec 14,01% des voix, le président socialiste sortant Victorin Lurel ayant largement été élu dès le premier tour avec 56,51% des voix.

2 - Valérie Létard

Le score de la secrétaire d'Etat en charge des Technologies vertes illustre l'échec du gouvernement à faire barrage au Front national, malgré une politique qui empiète sur les plates-bandes de l'extrême droite. Avec 19% des voix, la tête de liste régionale de la Majorité présidentielle dans le Nord-Pas-de-Calais arrive loin derrière le président socialiste sortant, Daniel Percheron (29,16%), et surtout est talonnée par la candidate frontiste Marine Le Pen (18,31%).

3 - Xavier Darcos

Ministre du Travail, pilier du gouvernement et ex-premier ministrable en puissance, la tête de liste régionale de la Majorité présidentielle Xavier Darcos a perdu pied (22,05%) face au pourtant peu médiatique président socialiste sortant de la région Aquitaine, Alain Rousset (37,63%).

4 - Nathalie Kosciusko-Morizet

La secrétaire d'Etat à l'Economie numérique n'a pas pesé lourd dans son fief de l'Essonne (23,24%). Tête de liste départementale de la Majorité présidentielle, elle a été battue par un autre poids lourd local, le socialiste Julien Dray (25,74%), qui a pourtant connu un difficile début de campagne. Sans compter qu'Europe Ecologie, grâce au numéro deux des Verts Jean-Vincent Planté, a recueilli 15,7% des voix.

5 - Brice Hortefeux

Le ministre de l'Intérieur s'était porté candidat lorsque le chef de l'Etat entendait encore ouvertement nationaliser la campagne des régionales. Tête de liste départementale de la Majorité présidentielle dans le Puy-de-Dôme, l'ami de trente ans de Nicolas Sarkozy n'a pas fait de miracle, avec seulement 23,65% des voix contre 27,04% pour le PS.

6 - Nadine Morano

La secrétaire d'Etat à la Famille était une autre des proches de Nicolas Sarkozy à concourir, en tant que numéro deux en Meurthe-et-Moselle. Le résultat de la Majorité présidentielle dans le département (24,3%) est à peine meilleur que celui dans le Puy-de-Dôme, mais le différentiel avec le PS (36,08%) y est bien plus grand.

7 - Bruno Le Maire

Le ministre de l'Agriculture n'a aucun souci à se faire : il ne sera pas obligé de démissionner, comme l'a exigé François Fillon en cas de victoire. Avec un score tout rond et tout petit de 25%, la tête de liste de la Majorité présidentielle en Haute-Normandie est loin derrière le président socialiste sortant Alain Le Vern (34,87%).

8 - Hervé Morin

Le ministre de la Défense, en troisième position sur la liste de la Majorité présidentielle dans l'Eure (Haute-Normandie), a bien tenté d'aider un peu son collègue de l'Agriculture, mais ça n'a pas suffi : avec 27,75% des voix dans le département, la Majorité présidentielle est encore derrière le Parti socialiste (30,3%).

9 - Valérie Pécresse

Ultime sursis avant défaite pour la ministre de l'Enseignement supérieur. Avec 27,76%des voix, la tête de liste régionale de la Majorité présidentielle devance le président socialiste sortant, Jean-Paul Huchon (25,26%). Mais au second tour, le PS pourra compter avec le soutien d'Europe Ecologie (16,58%) et du Front de Gauche (6,55%).

10 - Nora Berra

Tête de liste départementale de la Majorité présidentielle dans le Rhône, la secrétaire d'Etat aux Aînés (27,97%) est arrivée en tête dans le département, comme la Majorité présidentielle dans la région (26,39%). Mais, à l'image de l'Ile-de-France, les scores du PS (25,4%) et d'Europe Ecologie (17,83%), en plus ici du maintien du Front national (14,01%), ne laissent que peu de chance à la droite en Rhône-Alpes.

11 - Alain Marleix

Pour le secrétaire d'Etat aux Collectivités territoriales, les résultats du premier tour traduisent la « méconnaissance par les Français de la collectivité régionale ». Les électeurs apprécieront. Arrivée en première position en Auvergne, la tête de liste de la Majorité présidentielle (28,72%) ne devance même pas d'un point le PS (28,03%), qui va recevoir le soutien du Front de gauche (14,24%) et d'Europe Ecologie (10,69%).

12 - Chantal Jouanno

La secrétaire d'Etat à l'Ecologie a gagné le combat du premier tour à Paris. La tête de liste départementale de la Majorité présidentielle (28,95%) devance la socialiste Anne Hidalgo (26,26%) mais aussi l'écologiste Robert Lion (20,57%)… qui vont s'allier. Autant dire que le combat du second tour est perdu d'avance.

13 - Hervé Novelli

Le secrétaire d'Etat au Commerce menait pourtant la liste de la Majorité présidentielle dans le Centre, une région que la droite espérait conquérir. Nicolas Sarkozy en personne était également venu le soutenir. Mais cela ne suffira pas. Il devance le PS de moins d'un point au premier tour (29,02% contre 28,22%) et devra également affronter le FN (11,21%) au second tour.

14 - Benoist Apparu

Le secrétaire d'Etat au Logement, tête de liste de la Majorité présidentielle dans la Marne, est arrivé en tête avec 31,20% des voix. Il prend deux points au PS (29,28%), alors que le score d'Europe Ecologie est plutôt faible (9,63%). Mais le FN pointe très haut (16,06%) et peut être présent au second tour. Un réservoir de voix presque nul donc, et des chances quasi inexistantes de l'emporter au second tour, dans le département comme dans la région Champagne-Ardenne.

15 - Dominique Bussereau

Même si le score du secrétaire d'Etat aux Transports et tête de liste régionale de la Majorité présidentielle en Poitou-Charentes n'est pas honteux (29,46%), il est dès le premier tour largement dépassé par la présidente socialiste sortante, Ségolène Royal (38,98%). Un écart de près de dix points qui devrait être plus de deux fois supérieur au second tour.

16 - Henri de Raincourt

Le ministre des Relations avec le Parlement, figure locale de l'Yonne, a tout juste réussi à se hisser en tête au premier tour dans son département, où il dirigeait la liste de la Majorité présidentielle, avec 29,98% des voix contre 29,57% au PS. Mais le second tour s'annonce perdu d'avance dans l'Yonne, comme dans toute la Bourgogne, le FN pouvant se maintenir.

17 - Alain Joyandet

Comme Hervé Novelli, le secrétaire d'Etat à la Coopération espérait remporter la région où il dirigeait la liste de la Majorité présidentielle et a reçu la visite du chef de l'Etat. S'il est arrivé en tête face à la présidente socialiste sortante Marie-Guite Dufay (32,13% contre 29,86%), il devra également affronter le FN (13,14%) au second tour. Comme Hervé Novelli.

18 - Luc Chatel

Dans son fief de la Haute-Marne, le ministre de l'Education nationale et porte-parole du gouvernement réalise un score de 32,40%, devant les 28,72% du PS, mais ne figurait qu'en dixième et dernière position sur la liste départementale de la Majorité présidentielle. Et à l'image de l'immense majorité des autres membres du gouvernement, il n'a pas su non plus contenir la montée du FN, qui a recueilli 16,21% des voix dans le département.

19 - Hubert Falco

Le secrétaire d'Etat aux Anciens combattants avait refusé de mener la Majorité présidentielle dans la région Paca. Bien lui en a pris : la tête de liste régionale Thierry Mariani n'a réalisé que 26,6% contre 25,8% au PS et surtout 20,29% au FN. Hubert Falco, qui était tout de même tête de liste dans le Var, a cependant permis d'atténuer ce résultat en recueillant 32,97% des voix.

20 - Rama Yade

La bonne place de la secrétaire d'Etat aux Sports est toute relative. C'est bien le membre du gouvernement qui a réalisé le meilleur score (34,57%) mais Rama Yade se présentait dans un département cadeau, à la place de numéro deux de la liste de la Majorité présidentielle dans les Hauts-de-Seine, fief du Président. Ce score met la gauche en position de faire basculer le département pour la première fois de son histoire.

Avec un tel palmarès, on pourrait s'attendre à une remise en question du gouvernement à l'issue de ces régionales. Pas de remaniement en perspective pourtant, à en croire Nicolas Sarkozy.

Même s'il n'exclut pas « quelques adaptations gouvernementales », le chef de l'Etat, dans une interview parue vendredi dans Le Figaro Magazine, s'est montré ferme :

« Le scrutin des 14 et 21 mars est un scrutin régional : ses conséquences seront donc régionales. »

 

Photo : le gouvernement de Nicolas Sarkozy, à l'Elysée, en juin 2009 (Benoit Tessier/Reuters)

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    Elections régionales : le triple échec de Nicolas Sarkozy


    Nicolas Sarkozy en plein discours sur l'avenir des territoires ruraux à Morée, le 9 février (Philippe Wojazer/Reuters)

    Quelle que soit la manière dont on aborde le résultat du premier tour des élections régionales, il marque d'abord et avant tout un échec cinglant pour Nicolas Sarkozy. Il faut avoir la langue de bois de François Fillon pour considérer qu'il n'est pas possible « de tirer un enseignement national de ce scrutin » : il sera bien le seul à ne pas le faire.

     

    C'est un triple échec personnel pour le président de la République :

    • sa stratégie de réunion de toutes les composantes de la majorité présidentielle pour s'imposer dès le premier tour a capoté. Elle se retrouve derrière le seul PS, et n'a plus de réserves de voix pour le deuxième tour.
    • sa stratégie de faire du FN à la place du FN en lançant de manière si catastrophique le débat sur l'« identité nationale » à quelques mois des régionales a eu un effet boomerang : c'est le parti de Jean-Marie Le Pen qui en profite pour se refaire une santé en retrouvant un score à deux chiffres.
    • l'activisme présidentiel tourne dans le vide. L'UMP a eu l'illusion du triomphe lors des élections européennes, profitant du mauvais état des socialistes. Nicolas Sarkozy a eu beau dire à la veille du scrutin qu'il ne changerait pas de cap avant une mystérieuse « pause » fin 2011, il est clair que le message de rejet d'un style et d'une politique est clair, brutal, et sans appel. Et le président ne pourra pas ne pas en tenir compte.

    Nicolas Sarkozy espérait remodeler la France à son image, il voulait incarner la « rupture ». Il risque fort de n'être qu'une parenthèse en train de se refermer.

    Le fort taux d'abstention jette une énorme ombre sur ce scrutin. Non pas tant pour minimiser la défaite de la majorité présidentielle comme tentent de le faire les ténors UMP sur les plateaux télé, mais pour donner la mesure de la crise de la société française. La remontée du FN est l'autre visage de cette crise.

    « Insurrection civique »

    Jean-Luc Mélenchon a eu une bonne formule, dimanche soir, en parlant d'« insurrection civique », une sorte de « qu'ils s'en aillent tous » ! Tous, c'est-à-dire une classe politique qui n'a pas été capable, d'alternance en alternance, d'apporter des réponses aux problèmes croissants des Français.

    Martine Aubry ne s'y est pas trompée en lançant un appel solennel aux abstentionnistes du premier tour, sur le ton du « je vous ai compris », pour qu'ils se mobilisent au deuxième tour pour confirmer l'avance de la gauche.

    Une fois de plus, la gauche se trouve face à une immense responsabilité, celle de proposer une alternative crédible à une droite qui reçoit en plein visage le message négatif des Français. On ne construit pas une alternative sur un taux d'abstention aussi massif : la gauche a gagné, mais tout reste à faire.

    Photo : Nicolas Sarkozy en plein discours sur l'avenir des territoires ruraux à Morée, le 9 février (Philippe Wojazer/Reuters)

     

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